Dayana Matasheva

Artiste visuelle et écrivaine montréalaise originaire d’Ouzbékistan, Dayana Matasheva travaille dans le domaine de la vidéo, de l’art numérique et de la sculpture. Ses travaux portent sur la façon dont les algorithmes et l’IA influencent les émotions, façonnent les habitudes et servent de médiateurs dans les relations. Son parcours universitaire en philologie (2015) et en production cinématographique (2020) a alimenté son intérêt pour le folklore, les archétypes et les récits dans leurs formes contemporaines. Les œuvres de Dayana Matasheva ont fait l’objet d’expositions individuelles et collectives dans des festivals tels que HTMlles et Filministes, et l’artiste a participé à des résidences comme Eastern Bloc, Ada X et Dazibao.

 

Dayana Matasheva a cofondé avec Edson Niebla le duo d’artistes DemonLovers Inc., qui met en lumière le rôle généralisé, bien qu’invisible, des systèmes algorithmiques et des agents non humains dans la culture de consommation, les beaux-arts et la mode. Pour sa première exposition, The Salon, le duo a intégré l’IA dans toutes les facettes de la production, en faisant ressortir la manière dont elle influence les choix de conception matérielle et numérique. Actuellement, il prépare une installation vidéo pour le festival SIGHT+SOUND, crée une publication imprimée et organise une exposition collective avec le soutien du Conseil des arts du Canada.

  

En tant qu’artiste de l’Internet et essayiste à mes heures, je m’inscris dans le paradigme du post-autorat et de la post-identité. Ma formation universitaire en philologie et en cinéma a forgé mon intérêt pour la mémétique, le folklore en ligne et l’ésotérisme. Récemment, j’ai exploré la manière dont l’hyperstition et la pensée magique se manifestent en ligne et dans les pratiques artistiques modernes. Influencée par William S. Lee et les rituels occultes de ma famille, je crois que rien dans notre univers complexe et non linéaire n’est le fruit du hasard. Reconnaissant le potentiel de transformation de l’art, j’aborde la création comme un rituel quotidien délibéré. 

Mon esthétique traduit souvent la décrépitude et la dégradation, que je perçois comme un bel état intermédiaire entre la mortalité et la naissance. Inspirées par la psychanalyse, mes œuvres visuelles explorent des territoires moralement ambigus habités par l’abject, l’étrange et le sublime. Mon travail présente fréquemment des espaces liminaux mélancoliques, un désordre numérique et matériel, et des collages élaborés qui reflètent l’opulence écrasante de notre époque.

 

Par contraste, mes écrits juxtaposent la mélancolie et la nostalgie aux visions trompeuses et euphoriques d’un avenir technocratique. Mes essais et mes scénarios sont saturés de néologismes et d’expressions vernaculaires issues du Web, et s’écartent souvent de l’histoire linéaire et des structures narratives. Plus concrètement, je fais appel à des textes trouvés en ligne, à la déconstruction et à une technique de découpage pour dépeindre une mythologie du cyberespace.